jeudi 1 mai 2008

Pour I-Télé le 1er mai est un don d'un gentil patron!

Rien que pour l’honnêteté devant l’Histoire








Alors que les petits et les grands, les ouvriers comme les plus virulents des patrons sachent pertinemment que la fête des travailleurs du premier mai a une longue histoire de lutte acharnée depuis 2 siècles, la chaîne I-télé invente une toute autre version, fausse et contre-historique...

Pour i-Télé, c'est une vrai conte de fées.... : Il était une fois dans le département de l'Aisne, un grand et généreux patron qui s'appelait Godin, il logea et nourrit ses ouvriers dans un grand palais à vous faire rêver: la Familistère de Guise. Les enfants scolarisés, très gâtés, profitant d'activités diverses et variés (théâtre et arts!). Un dimanche de premier mai de l’année 1867, le patron a décidé "d'offrir un cadeau à ses employés" (I-télé, je cite). Il décida que ce jour-là serait un jour férié, chômé, payé… et la fête des travailleurs naquit et le monde entier imita Godin, docilement, raisonnablement, le cœur débordant d’amour et d’empathie pour les ouvriers partout….

Citoyens, il faut que vous révisiez l’histoire de toutes ces siècles de luttes… vous avez cru à des illusions en pensant que ce sont vos luttes qui vous permettent aujourd’hui de chômer le premier mai…

Certains médias ont occulté de leur mémoire l 'American Federation of Labor, de Chicago, qui en 1884, avec les principaux syndicats ouvriers des États-Unis s'étaient donnés deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils avaient choisi de débuter leur action un 1er mai parce que beaucoup d'entreprises américaines entamaient ce jour-là leur année comptable. Tout le monde connaît la suite : La manifestation du 3 mai de 1886 durement réprimée où plusieurs ouvriers fussent tués, et syndicalistes anarchistes pendus….La manifestation du 1er mai 1891 qui tourna au drame, à Fourmies, une petite ville du nord de la France, où des balles pleuvaient sur une foule pacifique faisant dix morts dont 8 de moins de 21 ans… et la liste d’allonge, il faudrait juste réviser les cahiers de l’histoire… Personne n’a le culot de nous rappeler les dernières paroles de l'un des condamnés de Chicago, Augustin Spies : "Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui". Ce jour tarde à venir, et les voix étranglées continuent à être étranglées par la superpuissance du Patronat, épaulée par la malhonnêteté des médias qui essayent par tous les moyens de faire rentre dans nos têtes et celles des générations futures que quoi nous fassions, nos acquis ne sont pas dû à nos vilaines luttes égoïstes, mais à quelques esprits éclairés de nos Patrons généreux…
La superpuissance de certains médias ne se contente pas seulement à occulter une partie de l’Histoire, mais aussi à la réécrire à leur sauce bien en phase avec l’apogée du vent capitaliste qui balaye tous les jours les derniers espoirs d’améliorer les vies…et qui banalise tout.
Bonne fête de « travailleurs » et non du « travail ». Puisque là encore, le patronat a confisqué le vocabulaire pour avoir son part du gâteau, au moins symbolique….

lundi 14 avril 2008


Artaud? les mots sur Artaud ne sont que bulbes de savons, une fumée devant le pouvoir du corps, des grimaces en face de ces portraits incrustés à jamais dans le mur de ce siècle.

Artaud, qui es tu?


Qui suis-je?
D'où je viens?
Je suis Antonin Artaud
et que je le dise
comme je sais le dire
immédiatement:
vous verrez mon corps actuel
voler en éclats
et se ramasser
sous dix mille aspects
notoires
un corps neuf
où vous ne pourrez
plus jamais m'oublier.

Inutile!

Le temps passe et la poisse. Il monte dans le métro, bras secoués, largement souriant, bouche béate,l'air d'un grand homme insouciant, l'air d'un point d'exclamation dans la mare de gens fatigués, têtes dans les journaux gratuits, têtes qui somnolent, têtes dans les livres, oreilles penchées aux portables ou collées aux écouteurs. Et la bouche s'ouvre, le visage se dilate sur une moquerie coincée aux lèvres "Vous, vous savez depuis quand le temps a t-il commencé?", Silence, point d'interrogation, et les têtes se lèvent, des sourires étirés sur un côté, comme un corps ennuyé jeté sur un fauteuil dans une salle d'attente , quelques regards le scrutant de bas en haut, de haut en bas. Il répète "mais vous ne savez pas, vous ne pouvez pas le voir, mais c'est vrai quoi, réfléchissez un peu avec moi". Il tourne dans le wagon, pousse les épaules entassés, fredonne un air et repose la même question. Les têtes replongent dans les papiers, c'est qui ce perdu... encore un clochard, mais qui ne pue pas, qui ne mendie pas. Un décor traditionnel des wagons, qui sillonnent le temps et rythment les vies... drôle de clochard. Ainsi les vagabonds des wagons, ne reçoivent que quelques expressions d'embêtement, des yeux baissés pour éviter la confrontation des regards qui dévisagent, qui perturbent le monde bâti par chacun avec tant d'acharnement, tant d'efforts. Surtout pas voir, ni entendre ce genre de question inutile. hein, le temps? c'est le temps qui se gère, qui se module, qui se capitalise en argent, en production... le temps dont on doit toujours "en profiter" pour avoir plus de temps pour à nouveau pouvoir "en profiter" pourquoi? pour surtout ne pas voir ces perdus, ce perturbés, qui ne sont qu'une simple perte du temps... Et le train continue sa course, ceux qui descendent, ceux qui montent, le temps ne dit pas son nom tout de suite, il laisse aux sociétés le soin de le dire, de prononcer son nom, de témoigner de l'inutilité de ce train et de l'utilité des vagabonds. Après quelques siècles?